Un air de famille au cinéma associatif Le Penthièvre, à Lamballe

Article du Télégramme par Corentin Le Doujet Le 23 janvier 2025 

Le cinéma est une grande famille, à Lamballe (22), certainement plus qu’ailleurs. Autour du patriarche Joël Rio, ce sont trois générations qui font tourner le cinéma associatif Le Penthièvre. En véritable parrain, l’homme de Rio tient le premier rôle de cette sympathique saga familiale.

« On n’est pas très cinéphiles dans la famille. Ce qu’on aime, c’est la gestion du cinéma, tout mettre en place pour la séance et voir les gens passer un bon moment ensemble, sans leur écran de smartphone », confie Delphine Flageul, 36 ans, au guichet du cinéma associatif
Le Penthièvre, à Lamballe (22). Une affaire de famille mise en scène par le patriarche, Joël Rio, jovial septuagénaire qui a su enrôler trois générations dans la même passion, révélée par hasard.

Au nom du père

« En 1981, je suis venu avec ma femme voir un film au Penthièvre. Par curiosité, je suis entré dans la cabine de projection, ça a été le déclic. Pour raison de santé, il fallait que je m’occupe, je me suis alors investi comme bénévole. J’ai ensuite accepté de présider l’association, pour un an. Et ça fait 43 ans que ça dure… », rembobine Joël, au côté de celles qu’il appelle « ses drôles de dames » : son épouse Monique, secrétaire, sa nièce Carole, trésorière, sa petite-fille Noémie, bénévole, ses filles Isabelle et Delphine, respectivement vice-présidente et unique salariée de cette association de bienfaiteurs. « Toute la famille donne un coup de main. À partir de huit ans, on s’occupe de déchirer les tickets des spectateurs à l’entrée de la salle, et on passe l’aspirateur après le film. Vers 14 ans, on peut tenir la caisse ou passer en cabine de projection. Et les gendres bricoleurs ont aussi de l’occupation pour l’entretien des locaux », déroule le chef de casting.

Ce qu’on aime, c’est la gestion du cinéma, tout mettre en place pour la séance et voir les gens passer un bon moment ensemble, sans leur écran de smartphone.

Un p’tit truc en plus

« À 12 ans, je savais déjà lancer un film », rigole Delphine, pas peu fière d’avoir été sacrée « plus jeune projectionniste de France », au tournant de l’an 2000. Depuis septembre 2022, la fille de Joël est employée à temps partiel par l’association, un véritable p’tit truc en plus pour le cinéma, qui a vu le nombre de ses visiteurs grimper en flèche, accueillant près de 19 000 spectateurs en 2024, « soit 3 000 entrées supplémentaires en deux ans ». Joli succès, « sachant qu’en 2002, on était à 8 000 spectateurs ».

Les temps modernes

« Le cinéma Le Penthièvre a 120 ans. On a dû le moderniser pour continuer à exister. On est passé au numérique en 2012 et la salle a été refaite en 2013. Début janvier, avec mon petit-fils de 14 ans, on a resserré les 800 boulons des 200 fauteuils, chose qui n’avait pas été faite depuis les années 1980. On a tout vérifié, c’est reparti pour 40 ans ! », projette Joël, conscient d’avoir contribué à la survie et à l’indépendance de l’unique cinéma lamballais, situé en centre-ville, à l’heure où les multiplexes font florès dans les zones périphériques des agglomérations.

Enfermé dans la cabine de Titanic

Au générique des souvenirs, les anecdotes défilent en rangs serrés. Dans le flot des scènes cocasses, un événement particulier revient à la surface, renfloué par les mémoires familiales : « C’était en 1997, la projection de Titanic ! ». « Le film de 3 heures 30, avec entracte, a eu tellement de succès qu’on a dû programmer pas mal de séances supplémentaires, trois par jour, en continu. La dernière finissait à 3 h du matin. Il y avait une telle queue dehors que les gens pique-niquaient devant le cinéma, pour être sûrs d’avoir une place », se souvient Joël, mettant le focus sur son neveu Fabrice, « qui détient le record familial du nombre de projections ». Et de souligner l’endurance du jeune projectionniste bénévole : « Il a assuré onze séances de Titanic, du vendredi au mardi, soit plus de 38 heures de présence. Il était enfermé dans la cabine de projection, où on lui apportait à manger ».

Papy fait de la résistance

À 73 ans, dont 44 passés dans les coulisses du cinéma, Papy Joël entend bien jouer encore son rôle de président façon long-métrage. « C’est sa vie, il dit toujours en rigolant qu’il mourra sur scène. J’ai déjà fait mon mariage dans le cinéma, avec projection sur grand écran, on ne va quand même pas y faire un enterrement ? », se marre Delphine, actrice de l’aventure familiale du cinéma Le Penthièvre, la gloire de son père.

Contact :
Cinéma associatif Le Penthièvre, au 16, rue de Bouin, à Lamballe (22). Tarifs : plein 7 €, réduit 6 €. Contact : tél. 02 96 34 63 76 ; courriel : cinema.pentievre@yahoo.fr

Photographie : ​Autour du patriarche Joël Rio, ce sont trois générations de la même famille qui font tourner le cinéma associatif Le Penthièvre, à Lamballe. (Le Télégramme/Corentin Le Doujet)

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