Article du Penthièvre du 24 octobre 2023 par Helen Herault
Gaëlle Mouster a ouvert la Breizh Tattoo Academy, pour former les tatoueurs et pratiquer son art à sa manière, avec écoute et humanité. Le tatouage thérapeutique est sa spécialité.
« Quand le tatouage aide à guérir les blessures du corps et du cœur. » Une déclaration de Gaëlle Mouster, la boss de la Breizh Tattoo Academy à Lamballe, qui caractérise parfaitement sa façon bien à elle de pratiquer son art.
« Quand je tatoue quelqu’un, je suis aussi attentive à son corps qu’à son âme. Ce n’est pas pour rien que je parle de ‘studio’ et de ‘soin’ lorsque je fais référence à mon salon de tatouage », décrit Gaëlle Mouster.
Du dessin hyperréaliste
Son approche très humaniste du métier a naturellement conduit Gaëlle au tatouage thérapeutique.
« C’est une cliente qui est venue me voir, suite à une reconstruction mammaire après son cancer du sein. Elle m’a dit : tu sais dessiner des têtes de chiens réalistes, tu vas ben réussir à me tatouer une aréole et un téton ! »
L’artiste sourit : "Ce n’est rien que ça en fait : tatouer un sein, c’est du dessin hyperréaliste".
Modeler avec les ombrés
Gaëlle pigmente les cicatrices, colore le bout de sein, modèle avec les ombrés. « Parfois, on a la chance que le chirurgien ait recréé un relief pour le mamelon, d’autres fois, c’est juste lisse. »
À nous de faire le travail pour que lorsqu’une femme est passée entre nos mains, elle ne voie pas la différence lorsqu’elle se regarde dans son miroir le matin.
Elle dit « nous » car ils sont trois à la Breizh Tattoo Academy à pratiquer le tatouage thérapeutique.
« J’ai formé Simon et Manon ici, lors d’une précédente promotion. Je ne les ai pas laissés repartir : ils avaient le talent et la sensibilité nécessaires à ce métier, tel que je le conçois. »
Des demandes forcément urgentes
Pour le tatouage thérapeutique, Gaëlle ne veut pas laisser s’installer trop de délais, car « les demandes sont forcément urgentes ».
Alors elle a spécialement préparé ses deux élèves.
Si quelqu’un m’appelle aujourd’hui, je peux le prendre en février.
Et la demande est forte, car cette spécialité n’est pas répandue.
Réussir son tatouage
Aujourd’hui, si une patiente veut se faire rembourser le tatouage d’une aréole suite à une reconstruction, cela doit se pratiquer à l’hôpital par le médecin ou une infirmière « qui a reçu une formation de trois jours… »
C’est évidemment trop peu. « Le plus souvent, la patiente se retrouve avec un petit rond grossièrement coloré qui, en règle général, finit par s’estomper. »
Gaëlle s’est particulièrement investie pour réussir ses tatouages : elle a fait ses propres recherches, pris des photos. « Je me suis inspirée d’un artiste tatoueur italien travaillant remarquablement l’effet ‘chair’ et je me suis entraînée sur des peaux synthétiques. »
Une fois par mois à l’hôpital
Aujourd’hui, grâce à une patiente qui a montré le travail de Gaëlle à sa chirurgienne du Sénopole de Cesson-Sévigné, la tatoueuse y intervient une fois par mois.
Avec la chirurgienne, à quatre mains, elles pratiquent le tatouage thérapeutique ainsi remboursé.
« On a commencé en septembre. En une journée, on peut opérer sur cinq patientes. Cette dimension du tatouage comme réparation du schéma corporel me passionne ! », poursuit l’artiste.
Des fleurs, de la dentelle, une signature
À la Breizh Tattoo Academy, 40 % des clients viennent pour du tatouage thérapeutique. Pas seulement pour retrouver une poitrine « normale ».
Certaines veulent juste un tatouage pour masquer leurs cicatrices, « généralement sur le tracé des points de suture ».
Gaëlle invite alors ses clientes à « oublier la forme de la cicatrice et à imaginer le dessin qui ferait sens pour elles ».
Certaines choisissent de la dentelle, une fleur, un texte ou une signature « pour signifier leur victoire sur la maladie ».
Sublimer les cicatrices
Des techniques que les tatoueurs de la Breizh Academy appliquent à toutes formes de cicatrices. Ils sont rompus aux techniques de tatouage sur des tissus fragilisés.
Nous intervenons par exemple sur des cicatrices d’abdominoplastie ou différentes chirurgies suite à de fortes pertes de poids. Nous sommes en contact aussi avec des membres de la communauté LGBT, dans le prolongement de la chirurgie transgenre.
Dans un tout autre registre, Gaëlle a également l’occasion de tatouer des gens en hommage à un être aimé disparu.
Thérapie par le tatouage
Pendant les heures que ces clients passent avec Gaëlle, Manon ou Simon, beaucoup d’émotions sont alors partagées.
Gaëlle confirme : « Lorsque l’on pratique le tatouage avec passion et empathie, on acquiert une belle connaissance de l’âme humaine… »
Et alors l’artiste met tout en œuvre « pour que le souvenir de ces heures de tatouage soit aussi beau que le dessin avec lequel le client repart ».
Photographie : À la Breizh Tattoo Academy, Gaëlle Mouster forme des tatoueurs et tatoue elle-même avec deux anciens élèves. ©Breizh Tattoo Academy
Breizh Tattoo Academy 15, rue des Avéries à Lamballe. Tél. 06 75 13 84 62 ; https://www.breizhtattooacademy.com/
