Article Ouest-France Recueilli par Sonia TREMBLAIS. Publié le 01/11/2022
Un boucher de Lamballe-Armor (Côtes-d’Armor) et un ancien commercial ont créé la Centrale d’achat des artisans alimentaires de l’Ouest (C3AO) qui compte à ce jour 200 adhérents. Cette centrale est une force pour les artisans de Bretagne, surtout en cette période de hausse des prix.
Philippe Gesrel, boucher charcutier à Lamballe-Armor (Côtes-d’Armor) et Arnaud Maillard, salarié de la Centrale d’achat des artisans alimentaires de l’ouest (C3AO), sont à l’origine de la création d’une centrale d’achat pour des artisans de l’alimentaire. Ils expliquent pourquoi. Entretien.
C’est une rencontre qui vous a amené tous deux à réfléchir à la création d’une centrale d’achat… Pourquoi ?
La motivation première était de proposer à des artisans de se regrouper pour obtenir des prix corrects. C’est aussi pour faire face aux Grandes et Moyennes surfaces. Nous, artisans, voulons rester performants. Il nous a fallu un an et demi pour monter ce projet. La Centrale d’achat des artisans alimentaires de l’Ouest (C3AO) est née en 2019. Aujourd’hui, on sait qu’on a encore eu bien raison de la créer. Mais, ça n’a pas été facile, parce qu’il a fallu convaincre.
« Plus on est nombreux et plus on peut obtenir des prix attractifs »
Quel est le principe de votre centrale ?
Un fournisseur référencé arrive avec une liste de produits divers, de crémerie, de matériel, de vêtements professionnels. Chaque artisan est libre de prendre tel ou tel produit. Plus on est nombreux et plus on peut obtenir des prix attractifs auprès des fournisseurs alimentaires. Et ça permet à l’artisan de rester concentrer sur son cœur de métier.
Des prix attractifs sur l’énergie aussi, un sujet plus que d’actualité ?
L’inflation ne cesse de croître dans de nombreux domaines. Des artisans ont des factures de gaz ou d’électricité qui doublent ou triplent. Comment s’en sortir sans devoir trop répercuter les prix au client ?
Vous avez donc choisi d’embaucher un salarié ?
Au départ, C3AO était une coopérative, puis est devenue une SAS (Société par actions simplifiées). C’est un travail à temps plein. Arnaud a une expérience de commercial. Il connaît donc son sujet. Il sait négocier des tarifs et fait travailler son réseau.
« On tient à travailler des produits locaux »
Qui sont les artisans qui peuvent entrer dans cette centrale ?
Au début, c’était surtout des bouchers charcutiers, boulangers. D’autres professions nous ont rejoints comme des poissonniers, les artisans restaurateurs, les commerces ambulants alimentaires… Nous comptons 200 adhérents à ce jour. Tous ceux qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus. On tient à travailler des produits locaux.
Ce genre de centrale n’est pas commune ?
Je crois que nous sommes quasiment seuls en Bretagne. Il en existe une du même type en Périgord. Nous avons le soutien de la Région Bretagne, du syndicat de la boucherie, du syndicat de la boulangerie et de l’Agroqualité qui gère des filières label rouge.
« Seul on ne fait pas le poids, que ce soit financièrement ou psychologiquement »
C’est pourtant une force à vous entendre ?
Bien sûr ! Un artisan ne doit surtout pas rester dans son coin avec ses problèmes. On est ouvert au dialogue. Seul on ne fait pas le poids, que ce soit financièrement ou psychologiquement.
La trésorerie est un vrai problème. Vous lancez un cri d’alarme ?
Avoir de meilleurs prix d’achat permet d’avoir une meilleure trésorerie pour passer des caps, surtout en cette période compliquée pour tous. Sans trésorerie, c’est la liquidation, la fermeture qui devient inévitable. Sans compter les PGE (Prêts garantis par l’État) qui sont à rembourser. On a eu un cas dans le Finistère. On espère éviter ça en aidant à notre manière. Nous voulons que les petits artisans restent dans toutes nos petites communes bretonnes !
Contact : C3AO, contact@c3ao.fr ou tél. 02 96 80 03 00 ; site : www.c3ao.fr ou tél. 07 88 91 28 82 ou Philippe Gesrel, tél. 02 96 31 02 69 ou tél. 06 02 24 66 49.
Photographie: Philippe Gesrel (à droite), boucher charcutier, et référent technique à Lamballe-Armor et Arnaud Maillard, salarié de la C3AO qui compte 200 adhérents sur toute la Bretagne. | OUEST-FRANCE
