ENTRETIEN. Comment les magasins Biocoop de Lamballe et Saint-Alban font face à la crise

Article Ouest-France Recueilli par Sonia TREMBLAIS. Publié le 26/01/2023

Baisse de la vente des produits bios, hausse des coûts des énergies, inflation… Comment les magasins Biocoop Le Courtil bio, à Lamballe (Côtes-d’Armor) et Saint-Alban traversent-ils cette période difficile ? Entretien avec le gérant, Thierry Royer.

Des magasins Biocoop ont mis la clé sous la porte, comme près de Rennes, ou sont en difficultés. Thierry Royer a ouvert un point de vente Biocoop à Saint-Alban (Côtes-d’Armor), à côté de Pléneuf-Val-André, puis un nouveau magasin pour le Courtil bio, à Lamballe (Côtes-d’Armor). Baisse de la vente des produits bio, hausse des prix de l’énergie, inflation… Comment fait-il face ?

Rappelez-nous la naissance des Biocoop sur le territoire de Lamballe Terre et Mer ?

J’ai ouvert une première Biocoop à Saint-Alban, en avril 2017, au rond-point du Poirier. Un bel emplacement. À Lamballe, Biocoop a déménagé de la rue Saint-Martin, où nous étions trop à l’étroit, pour aller rue Jean-Jaurès où nous avons une belle surface et un parking à disposition.

Combien de personnes y travaillent ?

Le Courtil bio compte 20 personnes, tous métiers confondus. Sept travaillent à Saint-Alban et treize à Lamballe. La création de la Scop (Société coopérative et participative) remonte à 1999. C’est une coopérative de salariés.

Une baisse globale du marché de la bio

La bio a eu le vent en poupe. Et aujourd’hui, où en est-elle ?

C’est vrai qu’à un moment, ça s’est bien développé. Le marché était florissant. Aujourd’hui il y a une baisse globale du marché de la bio.

Comment l’expliquez-vous ?

La crise sanitaire et le confinement sont arrivés. On en est sorti mais cela a fait du mal au marché. Puis la guerre a éclaté en Ukraine. On a vu la hausse du prix des fluides, des matières premières et les salaires qui ne suivent pas… Et l’inflation. Les consommateurs ont fait des arbitrages.

À combien estimez-vous la baisse au Courtil bio ?

Sur les deux magasins confondus, nous avons une légère baisse de chiffre d’affaires de 5 % pour 2022. C’est raisonnable par rapport à d’autres. Sur tous nos produits, nous avons limité l’inflation à 5 ou 6 %, en contrôlant nos charges.
Vous réussissez à contenir cette baisse. Comment ?

On effectue tout un travail au quotidien. Nous restons humbles et vigilants, en maîtrisant les charges, les investissements, les projets. On a une communauté de clients fidèles et on a de nouveaux consommateurs. Je pense que nous avons un ancrage fort et historique. Je rajouterais que grâce à nos années précédentes positives, cela nous permet de passer des caps difficiles. Nous avons aussi une politique de prix engagés sur 500 produits de base. C’est-à-dire que notre marge est contenue.

Et le coût de l’énergie ?

Notre fournisseur d’énergie renouvelable nous a consenti de l’électricité au même prix qu’en 2022.

Le 100 % reste une exigence de qualité

Produits locaux, français… Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?

Nous faisons 20 % de local. Les producteurs viennent avec la cagette apporter leurs produits. Sur les 80 % restants, seulement 20 % ne viennent pas de France. Il y a des produits que l’on ne trouve pas chez nous, comme le chocolat ou les bananes…

On dit que la bio est plus chère…

Oui parce qu’elle porte les valeurs d’une agriculture paysanne et d’une transformation non industrielle. C’est ce qui nous différencie de la GMS. Mais je n’oppose pas les modèles. Dans notre modèle, les producteurs reçoivent une juste rémunération. Le 100 % bio est aussi gustativement bon et respectueux de la santé des gens. Nous avons une vraie exigence qualité.

« Label Bio », « Zéro résidu de pesticides » « Haute valeur environnementale », quelle est la différence ?

C’est un point important. Nous sommes 100 % bio et de ce fait, le label Bio est très contrôlé et ce plusieurs fois dans l’année. Alors que d’autres labels comme « Zéro résidu de pesticides » ou certification comme « Haute valeur environnementale » n’ont pas de vérifications. Comment contrôler ça ?

Face aux crises qui se succèdent, tout cela reste fragile.

Oui. Mais nous resterons fidèles à nos convictions, parce que derrière tout ça, il y a l’enjeu de la planète.

Photographie:​Thierry Royer est le gérant du Courtil bio., à Lamballe et Saint-Alban. Il souligne : « Nous organisons aussi des animations et ateliers en lien avec les valeurs de Biocoop. » | OUEST-FRANCE

Partager cette fiche : 

Vous souhaitez recevoir nos informations et nos offres ?

Inscrivez-vous à notre Newsletter !