À la ferme de Marie-Jeanne, le poulet au lait a du succès

Article Le Télégramme Publié par Bruno Salaun le 28 décembre 2022

Dans les Côtes-d’Armor, un trio féminin pilote la ferme de Marie-Jeanne. Plus que le chapon ou la dinde, cet élevage de volailles indépendant vend surtout du poulet au lait pour les fêtes.

« En trois semaines autour des fêtes de fin d’année, au magasin, on fait un quart du chiffre d’affaires annuel. Il ne faut pas se louper. C’est intense ! Les gens veulent de la volaille, une viande de qualité, à un prix abordable », résume Coline Avril, de la ferme de Marie-Jeanne, à Andel (22).
L’équation est posée, la solution se révèle inattendue. « On vend quatre fois plus de poulets au lait que de chapons ou de dindes », assure celle qui s’occupe, depuis 2016, de la dynamique commerciale de cet élevage indépendant et sans label. La ferme écoule 600 volailles par semaine après les avoir élevées sur 3 ha de parcours, « sans antibiotique ni OGM », et les avoir abattues, voire découpées, sur place pour concocter une cinquantaine de produits vendus à demeure et sur quatre marchés hebdomadaires.

« Il boit du lait tous les jours »

Le poulet au lait, c’est la spécialité maison pour Noël. « Il boit du lait tous les jours, alors que le chapon en boit un verre dans sa vie. Ça le fait grossir et sa chair est beaucoup plus tendre. Et puis on a une petite recette secrète », expose Coline. Avec Marie-Jeanne (sa belle-mère) et Anne-Flore, mère et fille, elle forme le trio féminin qui pilote l’exploitation, qui compte sept salariés. La doyenne file la métaphore à propos de cette affaire de famille : « Chacune à sa chapelle, mais on œuvre pour la même église. Coline et Anne-Flore sont les locomotives qui tirent nos wagons. Moi, je suis à bord de celui de l’expérience car la viande de volaille, il faut qu’elle soit parfaitement préparée et découpée », signale-t-elle, de sa voix éraillée.
Après le départ de son boucher, la ferme a décidé, l’été dernier, de cesser de fournir la restauration collective, les épiceries fines et les boucheries. « Ça représentait 40 % de la production écoulée, mais cette branche nous coûtait beaucoup en préparation et transport. » Outre le magasin ouvert depuis six ans et les marchés, la ferme s’est équipée, début décembre, de 108 casiers en libre-service, pour consolider la distribution directe de ses volailles et légumes.

« Comme une épée de Damoclès »

Trop tôt pour en tirer des enseignements alors que les commandes se succèdent, en cette fin d’année. Seules certitudes : il n’y aura ni canard ni foie gras et l’équipe met les bouchées doubles alors que la grippe aviaire demeure « comme une épée de Damoclès, un poids psychologique », confie Coline. Et la flambée des charges a provoqué quatre augmentations des prix des volailles en 2022, contre une par an habituellement. « Le coût de l’alimentation des volailles a grimpé de 30 à 40 % en six mois », explique-t-elle notamment.

À la ferme de Marie-Jeanne, les clients trouvent un poulet au lait de 3 kg autour de 30 € et un chapon à 45 €. Ils n’auront eu que du thym et de l’ail pour seuls médicaments lors de leur courte vie.

Photographie: ​Marie-Jeanne Avril et sa belle-fille Coline, aux commandes de l’élevage de volailles avec Anne-Flore, fille de la première, à Andel (22) et sur un marché à l’heure de la photo. La ferme produit des poulets au lait pour les fêtes, en plus des pintades, dindes et chapons, etc. (Photo Bruno Salaün)

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